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Les biais cognitifs : Le biais de confirmation

by in Non classé 16 octobre 2025

Le biais de confirmation nous pousse à rechercher, interpréter et privilégier les informations qui confirment nos croyances et hypothèses préexistantes, tout en ignorant ou en dévalorisant celles qui les contredisent.

C’est l’un des biais les plus répandus et il peut être particulièrement fort lorsqu’il s’agit de sujets émotionnels ou de croyances profondément ancrées. Par exemple, une personne qui pense que la terre est plate aura tendance à ne lire que des articles qui étayent cette idée et à penser que ceux qui le contredisent sont des fake.

Absolument ! Voici un article détaillé sur le biais de confirmation et son interaction avec les algorithmes des réseaux sociaux.


Le Biais de Confirmation à l’Ère des Algorithmes : Quand nos Croyances Modèlent notre Réalité Numérique

Dans un monde hyperconnecté où l’information abonde et circule à une vitesse fulgurante, le biais de confirmation n’a jamais été aussi prégnant. Ce phénomène psychologique, qui pousse l’être humain à privilégier les informations confirmant ses croyances préexistantes et à ignorer celles qui les contredisent, est une tendance naturelle de notre cerveau à simplifier la réalité. Mais à l’ère des réseaux sociaux, ce biais ancestral se trouve amplifié par la puissance insidieuse des algorithmes, transformant nos fils d’actualité en véritables chambres d’écho.

Qu’est-ce que le Biais de Confirmation ?

Pour rappel, le biais de confirmation est un raccourci mental (une heuristique) qui nous pousse à :

  1. Rechercher activement des preuves qui soutiennent nos idées.
  2. Interpréter les informations ambiguës de manière à ce qu’elles confirment nos attentes.
  3. Mémoriser plus facilement les faits qui corroborent nos opinions.
  4. Ignorer ou dévaloriser les faits qui contredisent nos points de vue.

Les Algorithmes des Réseaux Sociaux : Des Amplificateurs de Biais

Les plateformes comme Facebook, X, Instagram, TikTok ou YouTube reposent sur des algorithmes sophistiqués. Leur objectif principal est de nous maintenir engagés le plus longtemps possible sur la plateforme. Pour y parvenir, ces algorithmes analysent nos comportements :

  • Ce que nous aimons (likes)
  • Ce que nous partageons
  • Ce que nous commentons
  • Les profils que nous suivons
  • Le temps que nous passons sur certains types de contenus

En se basant sur ces données, l’algorithme crée un modèle de nos préférences et de nos croyances. Il va ensuite nous présenter préférentiellement des contenus qui, selon lui, sont susceptibles de nous intéresser et de nous plaire (et de nous faire rester coller à l’écran). Et c’est là que le piège du biais de confirmation se referme.

Comment les algorithmes renforcent le biais de confirmation :

  1. Les bulles de filtre (Filter Bubbles) : Les algorithmes filtrent l’information que nous voyons, nous présentant uniquement ce qui “matche” avec notre historique de consommation numérique. Nous sommes ainsi enfermés dans une “bulle” d’informations qui confirme nos points de vue, sans être exposés à des perspectives différentes.
  2. Les chambres d’écho (Echo Chambers) : Au-delà de la bulle de filtre individuelle, les réseaux sociaux nous connectent avec des personnes qui partagent déjà nos opinions. Les discussions au sein de ces groupes renforcent mutuellement les croyances, créant une “chambre d’écho” où les mêmes idées sont répétées et validées, sans contradiction externe.
  3. L’engagement par l’émotion : Les contenus qui suscitent des émotions fortes (colère, indignation, peur, mais aussi joie intense) génèrent souvent plus d’engagement. Les algorithmes ont tendance à privilégier ces contenus, même s’ils sont polarisés ou sensationnalistes, contribuant à radicaliser certaines opinions.
  4. La validation sociale : Voir que nos amis ou des influenceurs partagent les mêmes informations renforce notre conviction que ces informations sont valides, même si elles sont fausses ou partiales.

Les Conséquences d’une Réalité Distordue

  • Polarisation accrue : Les désaccords se transforment en clivages profonds, car chacun est convaincu de détenir la vérité, n’ayant été exposé qu’à des informations qui le confirment.
  • Propagation de la désinformation : Les fausses nouvelles et les théories du complot prospèrent particulièrement bien dans ces environnements, car elles trouvent un terreau fertile auprès d’audiences déjà réceptives, et sont renforcées par le partage et l’engagement.
  • Difficulté à trouver un terrain d’entente : Lorsque des faits alternatifs ou des interprétations radicalement différentes d’une même réalité coexistent, le dialogue devient quasi impossible, menaçant la cohésion sociale et la capacité à résoudre collectivement des problèmes complexes.
  • Érosion de la pensée critique : Moins nous sommes confrontés à des idées différentes, moins nous exerçons notre capacité à analyser, à comparer et à remettre en question, des compétences pourtant essentielles à une citoyenneté éclairée.

Comment Résister à la Bulle Algorithmique ?

Prendre conscience du biais de confirmation et du rôle des algorithmes est la première étape pour y résister :

  1. Diversifier ses sources d’information : Ne pas se contenter des médias ou des profils que les algorithmes nous suggèrent. Rechercher activement des points de vue différents, même ceux avec lesquels on est en désaccord.
  2. Questionner systématiquement : Avant de partager une information, se demander si elle ne fait que confirmer ce que l’on pense déjà. Vérifier les faits auprès de sources fiables et indépendantes.
  3. Interagir différemment : Essayer de commenter et d’apprécier des contenus variés, pour “éduquer” l’algorithme à nous proposer un spectre plus large d’informations.
  4. Prendre des pauses numériques : Se déconnecter régulièrement permet de prendre du recul et de se ressourcer loin de l’influence constante des plateformes.

En conclusion, le biais de confirmation n’est pas une nouveauté, mais sa rencontre avec les algorithmes des réseaux sociaux a créé un défi sans précédent pour notre capacité à percevoir une réalité commune et à dialoguer sereinement. Développer une conscience critique et adopter des pratiques numériques plus saines est devenu indispensable pour naviguer dans ce paysage informationnel complexe et protéger notre pensée autonome.